Nous sommes tous encore groggy par les événements de Paris, survenus vendredi 13 novembre, Journée mondiale de la… gentillesse.
Je ne m’attarderai pas ici sur le côté ignoble de ces actes, qui constituent un nouveau seuil sur l’échelle de l’horreur et de la lâcheté. Beaucoup de choses ont déjà été dites et écrites ce week-end sur le « terrorisme de masse », sur le fait de frapper des civils innocents à l’aveugle. J’aimerais cependant m’arrêter un instant sur l’importance et les avantages des réseaux sociaux, ci-après RS, dans des événements tels que des fusillades, prises d’otage ou catastrophes naturelles.
Je traiterai le sujet sur deux axes, d’une part l’utilité des RS comme moyen de communication et d’autre part, comme outil permettant, après la tragédie, de montrer sa solidarité avec les victimes et leurs proches.
Durant cette terrible nuit, Twitter et facebook permettaient de prévenir des connaissances qui auraient pu, potentiellement, se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. C’est un moyen très pratique, sachant que la plupart des gens consultent régulièrement leurs Smartphones et n’ont pas forcément une radio ou une TV sous la main; je pense par exemple aux 1’500 personnes présentes au Bataclan ou sur les terrasses des cafés.
Twitter a permis à certains de rechercher des disparus, photos à l’appui, et de prendre des nouvelles de ceux-ci, directement ou par le biais de quelqu’un qui les auraient croisés. Une compte RECHERCHE PARIS a été créé (près de 4’500 followers dimanche soir, 15 novembre) et facilite la recherche. Notons que certaines victimes et certains blessés ne sont toujours pas formellement identifiés, vu leur état. De plus, les utilisateurs ont très rapidement tirés avantage des fonctionnalités de l’oiseau qui gazouille en créant le hashtag #PortesOuvertes (également au singulier), par lequel des milliers de Parisiens ont offert un hébergement pour la nuit à ceux qui ne pouvaient pas rentrer chez eux. Le mot #PorteOuverte s’est répandu si vite dans la nuit de vendredi qu’il atteignait 480’000 tweets, au 2e rang des sujets les plus utilisés (Twitter France), derrière… #fusillade (700’000 tweets). Bref, un bel exemple de solidarité et d’entre-aide, sachant que le mot-clé était utilisé tant pour rechercher un abri que pour offrir une tasse de thé et un canapé-lit.
Facebook a déclenché son bouton d’urgence, créé en octobre 2014. Ceux qui ont un profil localisé dans les zones à risque et ceux qui sont potentiellement « géo-localisés » dans le périmètre défini peuvent rassurer leur proches : en cliquant sur « Je suis en sécurité », tous leurs contacts voient s’afficher ce message sur leur mur. Voilà de quoi rassurer rapidement et simplement ses amis et ses proches.
Lorsqu’une dizaine d’attaques ont lieu simultanément dans une même ville, nous pouvons imaginer à quel point la situation doit être confuse. La coordination entre les différents services n’est pas simple. J’ai pu voir ceci lors de l’exercice franco-suisse INTER 13 à l’armée: pourtant tout était planifié des mois à l’avance et dans les moindres détails par notre état-major. Alors mettons-nous à la place des services de secours parisiens… Rien de peut préparer à ça ! Et dans ce chaos indescriptible, il faut admettre que les nouvelles technologies – pour autant que les services de communication ne soient pas interrompus ! – prennent le relais et permettent de passer l’information, soit de masse, soit entre individus. Voyez les supporters du match France-Allemagne, prisonniers à l’intérieur du Stade de France. Ils ont entendu des explosions hors du stade et ont reçu l’ordre de rester à l’intérieur. Les informations étaient certainement distillées au compte-goutte, voire inexistante. Leur téléphone constituait donc le seul lien avec l’extérieur pour quelques heures.
« Pray for Paris »
Finalement, les RS représentent également un moyen d’annoncer à ces amis ou « followers » que l’on se sent touché par tel ou tel événement. Lors de grandes tragédies, on voir de plus en plus de personnes qui suivent le mouvement, qui publient un message de paix, un poème, ou alors qui se révoltent. De nombreuses personnes modifient également leur photo de couverture ou leur photo de profil. Facebook a immédiatement créé un moyen simple d’affirmer sa solidarité avec le peuple français en apposant un filigrane aux couleurs du drapeau français sur sa photo de profile. Les RS créent un type de langage très court mais chargé de sens et celui-ci passe du monde virtuel au monde réel. Dans la rue, les gens reprennent ces symboles et les écrivent sur des pancartes, pour défiler ou les déposer sur des autels de fortune : Je suis Charlie. Je suis Paris. Pray for Paris…

J’ai quelques copains qui considèrent encore que les RS devraient être réservés aux adolescents ou que pensent que les utilisateurs ne font que partager des photos avec le contenu de notre assiette et de leurs vacances au soleil. Les événements de Paris et la réactivité de Facebook, par exemple, prouvent le bien-fondé de ce genre d’outils… en toutes circonstances, « pour le meilleur et pour le pire »…
Merci pour cette analyse et démonstration que peuvent avoir les RS dans de telles situations.
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