La crise actuelle va-t-elle servir d’accélérateur à la fameuse transformation digitale dont on parle depuis quelques années dans les entreprises ? A fin mars, j’aurais répondu Oui sans hésiter. Souvenez-vous, du jour au lendemain, une grande majorité d’entre nous, principalement employé(e)s des sociétés de services de la place, s’étaient retrouvés en télétravail forcé. Pour la majorité, le tournant c’est fait le 15 mars – parfois quelques jours avant, parfois quelques jours après, tantôt pour l’ensemble des collaborateurs, tantôt par tournus entre deux moitiés du personnel.
D’après une étude publiée par Deloitte en 2018, plus d’un quart des Suisses pratiquaient déjà le home office plus d’un jour par semaine. Pour les entreprises qui les employaient, il était assez simple de poursuivre les opérations sans grande incidence, même avec du personnel décentralisé, selon l’adage « Business as usual ».
En revanche, de nombreuses PME ont dû mettre en place des processus sur-le-champ et prendre, comme on dit dans les États-Majors militaires des « mesures d’urgence » : mise à disposition de laptops pour les employés qui n’étaient pas équipés, organisation de clouds, augmentations de la capacité des serveurs, choix d’un système de chat et visioconférence, relève du courrier physique à l’entreprise, etc.
Smart Working :
Cette crise offre à tous la possibilité d’expérimenter de nouvelles façons de travailler. C’est un réel laboratoire, qui permet aux entreprises comme à la société de tester de nouveaux modèles. Ceux qui étaient réticents à l’idée de permettre à leurs employés de télétravailler régulièrement constatent que ça fonctionne plutôt bien. Il s’agit bien entendu d’adopter quelques bonnes pratiques en la matière et de maintenir le contact entre les membres de l’équipe. D’un côté, les chefs ont moins le contrôle et se muent en coaches, la crise les obligeant à redéfinir la notion de confiance. De l’autre, les employés sont pour la plupart motivés par ces changements et cette autonomie soudaine. Le télétravail en tant qu’élément-clé du Smart Working donne à chacun la chance de s’organiser, de concilier vie professionnelle et vie privée. Cette agilité contrainte nous aidera sans doute à être plus efficaces à l’avenir.
Et la transformation digitale ?

Malgré les opportunités qui découlent de cette pandémie, il n’est pas certain que nous assistions à une digitalisation extrême dans les mois à venir. La raison est simple, la crise est passée de sanitaire à économique. Or, une transformation digitale ça n’est pas simplement faciliter le télétravail ou remplacer le présentiel par le virtuel. Pour l’instant, nous avons surtout apporté une réponse à l’urgence.
On ne peut pas dire non plus qu’on a fait une révolution numérique parce qu’on a lancé un app. La transformation digitale impose de revoir les processus dans leur ensemble, voire de complètement disrupter son modèle d’affaire et cela demande d’importantes ressources en personnel et financières. Pour de nombreuses entreprises, le chiffre d’affaires a chuté, parfois dans des proportions encore jamais vues jusqu’à présent. Celles-ci vont mettre leur énergie dans leur survie plutôt que de se lancer dans une vaste et coûteuse transformation numérique.
Néanmoins, la situation actuelle devrait faire prendre conscience à beaucoup de chefs d’entreprises qu’ils devront tôt ou tard opérer ce changement et adapter leur structure ou leur modèle d’affaires aux nouveaux modes de consommation, à remplacer, par exemple, les magasins physiques par des shops en ligne, pour être prêt lorsque surviendra la prochaine crise.
Quelles que soient vos réflexions sur le sujet, prenez bien soin de vous ! #staysafe